Nous sommes quelque 9 mois après le scrutin fédéral. Bilan de ce trois quart d’année, des gouvernements partout, sauf à Bruxelles où cela se chamaille encore. Le gouvernement wallon a vu le jour quasi instantanément, le fédéral y est allé d’un sprint final pour franchir la ligne dans des délais acceptables. Et pour les acteurs du monde associatif que nous représentons, comme pour d’autres, deux déclarations gouvernementales et deux projections budgétaires sont à se mettre sous la dent.
Même si la question a été savamment tenue à l’ombre des débats préélectoraux, tous les observateurs, même les moins avisés, les voyaient venir : les politiques d’austérité budgétaire. Et paf. Les tours de vis se confirment à tous les étages de la maison Belgique (Bruxelles ne fera pas exception), dans tous les budgets présentés. Mais ce n’est pas de l’austérité, nous assurent nos édiles. Sur le terrain pourtant, nous constatons toutes et tous que cela en a l’odeur et la consistance.
Ainsi, la contribution financière (durant deux mois) de l’employeur (non-PME) à partir du deuxième mois d’absence d’un travailleur malade inquiète énormément le secteur associatif. Ses acteurs sont principalement des services subsidiés. Si leurs charges augmentent et non leur subsidiation, l’effet domino est inévitable : moins de moyens pour faire fonctionner les structures, moins d’argent pour y investir, encore plus d’effets délétères sur les services (essentiels) rendus à la population… Bref, c’est la viabilité de ces structures qui est mise en jeu. D’autant que la pénibilité d’un nombre de professions que nous accompagnons induit un taux d’absentéisme plus important que dans d’autres secteurs économiques. C’est donc une double injustice qui pèse sur nous. Nous avons déjà interpellé plusieurs ministres à ce sujet.
Autre exemple, la récente action de l’Interfédération des centres d’insertion socioprofessionnelle qui dénoncent, entre autres, les coupes dans leurs budgets. C’est à découvrir dans cette Newsline.
Cela étant quelques dispositions budgétaires sont plutôt rassurantes. Notamment, le budget des soins de santé conserve une norme de croissance qui, loin d’être idéale, est bien là.
Ces accords de gouvernement gardent donc un gout aigre-doux : doux car plusieurs de nos secteurs ont pu voir apparaitre dans ces accords, des revendications qu'UNESSA porte depuis des années. Aigre, car peu de moyens budgétaires sont associés à ces lignes pour cette année. L’avenir dira si des budgets seront dégagés au-delà ou si, par manque d’effet retour des nouvelles mesures supposées dégager des marges (plein emploi...), nos revendications seront sacrifiées sur l’autel de la rigueur budgétaire. Si c’était le cas, sur le terrain, cela signifie que les missions du non-marchand vont être encore plus en compétition avec les missions régaliennes de l’État, sur le plan de leur financement.
Dans cette période d’efforts majeurs des finances publiques, le bien commun et la sécurité sociale sont au cœur des enjeux de cohésion sociétale. Il faudra donc se faire entendre pour que la rigueur épargne nos secteurs, tous essentiels dans cette perspective. Le sportif dirait : quand on s’apprête à devoir courir, on ne vend pas ses baskets. Pour rester dans la course, à nous de nous mobiliser pour nous faire entendre, pour réclamer une concertation constructive et éviter au maximum des mesures d’«économies» linéaires, aveugles et destructrices pour nos secteurs. C’est en tout cas l’objectif que nous nous sommes fixés à UNESSA, au nom de nos affiliés.
Philippe Devos,
Directeur général UNESSA
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